Comme une partition musicale, la peinture de Bernard Pestour s’inscrit en filigrane dans une trame. Les signes, vignettes, distribués à la volée ou minutieusement ordonnés, sont autant de notes participant à la construction harmonique générale. Fraîcheur dynamique des tons, souplesse, inventions contribuent à l’équilibre ; et dans un décloisonnement orchestré, le peintre articule et libère les séquences.
Bernard Pestour est un grand urbaniste, gérant médinas, jardins suspendus, images d’Orient, où calligraphie et symboles s’imbriquent et s’unissent pour le meilleur. Nouvel alphabet de la mémoire, le peintre danse avec les mots et les formes, constituant un puzzle coloré, un damier animé de présences multiples. Au-delà de son système rythmique, répétitif de base, séquencé en multiples cellules, il sait transgresser ses propres lois, s’évader en brisant les frontières, organisant le désordre des réseaux avec désinvolture et force. Et d’un geste ample et libéré, dans la densité de la texture retrouvée, la toile transpire et s’habille de vie. Sur les terres meurtries, enfouies, de nouvelles cités prennent corps, et la peinture de Bernard Pestour triomphe.
Texte de Jean-Philippe RAUZET